Quelques citations des "Entretiens de Courances" choisies par Pierre Le Quellec.
AMOUR : L’amour intellectuel de ce qui existe est fondamental, parce que c’est là que nous retrouvons à la fois le concret et l’universel.
BIBLE : La Bible est tout entière composée d’une suite « d’arrangements ». Il faut bien comprendre que l’Ecriture sainte n’est pas l’annuaire du téléphone, il faut l’interpréter. Or l’interprétation est vivante, elle évolue. L’esprit se recrée sous la lettre.
CONSCIENCE : La conscience, c’est l’autorégulation de l’action.
DIEU : Il y a très peu de croyants qui soient vraiment tenus par l’inquiétude religieuse et par ce que l’on peut appeler l’amour de Dieu, au sens où il s’agit d’une véritable recherche.
ESPRIT : L’esprit n’est pas sous la peau ; il naît à fleur de peau pour embrasser le monde.
FOI : La question est donc toujours de savoir si la foi est compatible avec une honnête acceptation de la condition humaine, et si la référence à Dieu peut se détacher de l’imagination du merveilleux.
GOÛT : Le goût est un préambule à la morale.
HERITAGE : Il ne suffit pas qu’un héritage soit offert, il faut qu’il soit reçu.
IDENTITE PERSONNELLE : Pour faire l’étude de l’identité personnelle, il faut partir de la conscience du présent. C’est là que se posent le rapport au passé et l’anticipation de l’avenir ; là aussi que l’on peut retrouver tous les problèmes que les psychologues ont traités concernant la formation de la personnalité : à partir du présent, et ceci à tout âge.
JUGEMENT : L’essentiel de la philosophie est bien plutôt de montrer que ce qu’il y a de fondamental dans la pensée, c’est le jugement : l’affirmation, la négation, la croyance.
KANT : Kant est le meilleur commentateur de Hume.
LIBERTE : Il ne faut pas s’imaginer que les hommes aiment la liberté. Ce qu’ils appellent ainsi, c’est le désir de faire ce qui leur plaît. Mais la liberté, c’est bien autre chose ! C’est fondamentalement la possibilité de créer. La liberté n’est pas le simple fait de choisir, mais le fait de créer un carrefour pour se mettre soi-même en demeure de choisir. On a discuté indéfiniment pour savoir si, lorsque j’arrive au croisement, je n’étais pas déterminé à prendre à droite ou à gauche. Mais peu importe que je sois déterminé ! L’important, c’est qu’il y ait un croisement ; et cela, ce n’était pas donné d’avance. Sur la terre vierge, il n’y avait pas de croisement ; ce sont les hommes qui ont fait des chemins. Telle est la liberté : l’activité créatrice de l’esprit. Cette liberté est à la source de la science et à la source de la morale. Mais les êtres humains spontanément préfèrent la servitude, parce que c’est plus commode à vivre et moins exigeant.
MEMOIRE : J’insiste particulièrement sur la distinction entre la mémoire-souvenir, la mémoire-représentaion si vous voulez, et ce que Bergson appelait la mémoire-habitude. Celle-ci peut simplement consister en l’acquisition d’un savoir-faire, mais elle peut aussi être considérée comme une mémoire affective ou émotionnelle, c’est-à-dire comme acquisition de certaines dispositions de la sensibilité.
NARCISSE : Pour dissiper l’erreur de Narcisse, il faut admettre que les fins dernières sont désintéressées. L’intelligence et la générosité valent absolument. Cela suffit pour la sagesse.
OBSERVER : Il est quelquefois nécessaire de pouvoir imaginer les situations avant de pouvoir les observer. L’observation ne consiste pas simplement dans ce que l’on peut appeler la perception brute ; observer, c’est percevoir quelque chose de telle manière qu’on puisse le décrire, que cela devienne descriptible.
PHILOSOPHIE : Pour moi, la philosophie n’est que l’effort pour comprendre ce qui se passe.
QUINE : Au fond, dans son article « Two Dogmas of Empiricism », Quine s’est fatigué pour peu de chose. Il s’est pris au piège des vérités qualifiées.
RELIGION : La seule chose qui me semble être un héritage solide de la religion, c’est la notion de solidarité humaine, qui s’exprime aussi dans l’idée de charité, d’universel, de fraternité…
SENS : Le sens, c’est l’esprit vivant lui-même.
THERAPEUTE : Le rôle du thérapeute est d’accompagner. Ce n’est d’ailleurs pas facile, parce qu’il faut, à chaque moment de la parole, être capable d’ouvrir toujours des possibilités, même à l’occasion du premier coup de téléphone, du tout premier contact…
UNITE : La recherche d’une unité de l’expérience humaine dépasse les limites de ce qui est. Le propre de l’intelligence est d’englober ce qui existe.
VERBES : Tout ce que l’on nomme comme entités ou énergies psychiques peut se retraduire non pas dans les noms mais dans les verbes, verbes qui expriment les processus psychiques.